La parole à l'organisateur
Brigitte, la femme de Pierre, a appris depuis peu la liaison de ce dernier avec Viviane ; elle est effondrée. Elle prie Viviane – qu’elle ne connaît pas – de venir chez elle tandis que son mari est en voyage, afin de « clarifier la situation ». Viviane répond à son appel.
Ce que les deux femmes ne savent pas, c’est que le sujet de leur discussion est vain. Pierre, au moment où les deux femmes se rencontrent, vient d’être tué, en effet, au volant de sa voiture. Le désir de chacune d’elles de posséder cet homme, de le réduire à leur représentation mentale, n’a plus aucun sens. Pierre est au‐delà. Pierre, qui vient de passer d’un seul coup de l’autre côté, hantera durant quelques instants l’appartement où il a vécu, découvrant ensemble sa femme et sa maîtresse. Mais celles‐ci ne peuvent ni le voir ni l’entendre. Peu lui chaut ! Les préoccupations de ce « mort tout frais » sont d’un autre ordre. Brigitte et Viviane ne sont plus pour lui que
des ombres. Les considérations psychologiques, souvent contradictoires, que les deux femmes portent sur son compte, n’ont qu’un lointain rapport avec la réalité secrète de cet homme, la seule réalité avec laquelle il doit se justifier aux yeux du tribunal invisible. Sous cet éclairage, les propos de Brigitte et Viviane paraîtront irréels et douloureusement comiques.