La parole à l'organisateur
Une farce muette qui fait du bruit
Trois petites chambres de bonne, trois personnages aussi attachants que maladroits. Trois tiers de trio, trois âmes solitaires qui, à vivre trop à l’étroit, vivent un peu ensemble. Deux hommes et une femme, plus habitués aux ratés de la vie qu’à emprunter les voies de la réussite, dessinent une fresque citadine, qui raconte par l’absurde les petites catastrophes du quotidien, la misère sociale. Le premier est un geek qui vit dans une sorte de cabine de décollage, le second dort dans un hamac au-dessus du capharnaüm de celui qui ne jette rien, et la troisième essaie de faire du bien à ses voisins en testant des médecines douces ou toutes sortes d’expériences esthétiques au coeur de son salon rose bonbon.
Ces trois anti-héros muets comme les Triplettes de Belleville ont un petit air de Deschiens. Bigre est bigrement original. C’est un objet artistique tellement rare qu’il connaît un grand succès depuis sa création en 2015, et fut même auréolé du Molière 2017 de la meilleure comédie. Ce « mélo burlesque » de Pierre Guillois, artiste associé au Théâtre du Rond-Point a été coécrit avec Agathe L’Huillier et Olivier Martin Salvan. Il est bourré de gags inventifs, de bidules et de trouvailles technologiques incongrues comme un aspirateur de poche ou des toilettes escamotables. Les comédiens sont virtuoses. Le rire est tendre. La poésie est foldingue.