La parole à l'organisateur
A quoi se raccrocher quand la mémoire s’effrite, quand les mots s’échappent? Muriel Barra et Olivier Lefrançois osent aborder en corps et en mots la maladie d’Alzheimer. Elle, danseuse contemporaine, lui venu de la scène hip hop, croisent leurs gestuelles et entrent en contact sur la musique d’Olivier Gerbeaud, co-fondateur de la Cie Mutine et le texte de Yann Allégret. Un fleuve souterrain de mots énoncés en voix off, puissant, troué, par bribes qui place le spectateur dans la tête de celui qui perd pied.
Lui est le frère en proie à l’effritement des souvenirs, à la perte de ses contours, sensations, elle, la sœur, devient repère, socle. Peut-être la dernière à l’extirper de sa carcasse intérieure pour le relier au monde. Dans cette troublante plongée en maladie, la pièce se joue au plus près des sensations, des ruptures, des trous d’air et des scintillants retours vers l’enfance. A travers cette «transhumance de la conscience» de nouveaux espaces se créent, plongées béantes dans le passé, retours intenses de la perception. Toutes mes lunes n’est qu’une histoire de lien, charnel, irrépressible, vibrant. De ce qui reste et se déploie quand tout n’est plus qu’à vivre au présent.