La parole à l'organisateur
Jean Racine a consacré deux tragédies à la guerre de Troie : Iphigénie, récit d’avant les batailles où se mesure le prix du sacrifice pour exaucer les désirs de puissance. Et Andromaque, la pièce de l’après, celle des survivants, vainqueurs ou vaincus.
Dans ce monument en cinq actes et 1648 alexandrins, tous les personnages sont hantés par ce qu’ils ont vu et par ce qu’ils ont fait. Tous et toutes marchent dans le sang, sur une crête entre résilience et désir de vengeance, qui finira par éclater sauvagement, attisé par le jeu des amours impossibles. Car Andromaque, c’est aussi la folie amoureuse, résumée par ce schéma passionnel on ne peut plus synthétique : « Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui n’aime qu’Hector, son époux mort ».
Bénédicte Cerutti – qu’on verra cette saison dans Le Firmament de Chloé Dabert – y incarne la digne et droite princesse troyenne, résistant aux avances de Pyrrhus, son geôlier, mais aussi prête à tous les sacrifices pour sauver son fils Astyanax qu’Oreste réclame.
Rien n’empêchera le déploiement inouï de la violence de cette tragédie où le traumatisme de la guerre agit comme l’aiguillon constant du malheur à venir, sans que la puissance de l’amour n’y puisse rien.