La parole à l'organisateur
HIGH TONE & ZENZILE : ZENTONE
Ensemble et séparément... Comme l’acmé d’une pensée novatrice et progressiste qui conçoit le groupe, l’ensemble sans nier pour autant l’individu, l’intime ; et que l’on résumerait par un explicite « ensemble et séparément » ; ce nouvel opus siglé Zentone est une le fruit de rencontre au sommet Zenzile / High Tone, d’un travail collectif finalisé en solo, dans l’ antre créative de chacune des entités en question.
Un volume 2 ou plutôt deux volumes 2 attendus ! En août 2006, Zenzile et High Tone publiaient Zentone, un album accompagné de la mention « Zenzile Meets High Tone ».
Une décennie et demie plus tard, ils remettent le couvert ! Il faut dire que les Angevins comme les Lyonnais partagent depuis leur début, un goût prononcé pour le dub instrumental, celui qui se conçoit en studio comme sur scène instruments en main. Toujours plus haut, toujours plus fort ! Tout est enregistré. Des kilomètres de basse-batterie, ou plutôt des mégaoctets de rythmiques, mais aussi de mélodies et d’arrangements, qui dupliqués, seront ensuite affinés par chacun des groupes. Dernier détail - et il est de taille dans le cas d’un album estampillé dub - des voix viennent enrichir les compositions. Des voix amies comme celle du Nigérian de Lyon Nai-Jah sur Open Gate, du Clermontois Jolly Joseph sur Desobey, du vétéran jamaïcain installé en France Rod Taylor sur Hot ou de son jeune concitoyen et dub-poet Nazamba.
Oui, le pluriel s’impose à cette sortie, puisque de la dizaine de titres enregistrés, Zenzile et High Tone ont réalisé, finalisé plus de 22 titres qu’ils ont réalignés selon les formats. Les plus atmosphériques prennent place sur le CD. Le vinyle, happant, lui, les versions plus directement orientées sound-system. Un pluriel qui comme vous pourrez le constater à l’écoute ne manque pas de singularité, de force et sublime la personnalité de chacun des groupes à la manœuvre.
UNDA SWAY
L’histoire du rap n’est souvent pas plus compliquée que ça : la rencontre, fortuite, de cœur ou amicale d’un rappeur chanteur et d’un beatmaker et producteur de sons. La réunion de Thomas Anton et de Yoüg au sein d’Unda Sway relève de cette évidence et s’est nouée avec le plus grand naturel au cœur des nuits hip-hop bordelaises où ils gravitent tous deux depuis des années. Les deux hommes se sont croisés, parlés, manqués, démariés puis associés pour produire, pour le label Banzaï Lab, un premier EP, Lambda1 en fin d’année 2020. Lambda2 est leur deuxième EP.
Yoüg est une figure discrète mais fédératrice de l’underground hip-hop bordelais. Fournisseur de beats denses, référencés et capables d’accompagner des chanteurs très différents, le beatmaker s’est fait remarquer notamment en 2015 avec un premier album, What I Do, sur le label Sound Rising Records, qui lui tient lieu de carte de visite. Disque aux influences jazzy, soul et délibérément abstract-hip-hop, ce premier LP témoigne de sa virtuosité dans la création d’ambiances exotiques, relâchées et nourries de samples originaux.
Thomas Anton est un artiste qui donne corps à la théorie jamaïcaine des « voix anciennes ». Selon cette légende, il existerait quelque part une sorte de réserve de voix immuables qui choisiraient de s’incarner et se réincarner, de manière aléatoire, dans tel ou tel chanteur. Comme les riddims franchissent les âges, les voix courent et, à ce petit jeu, Thomas Anton a hérité d’une voix de baryton millénaire au grain âpre et caractéristique qui fait de lui, en français comme en anglais, l’un des chanteurs reggae et dub les plus inspirés et malléables du moment.
Au sein d’Unda Sway, les deux hommes proposent une approche totale, baptisée liquid hip-hop, qui emprunte autant au rap qu’au reggae, en passant par des accents jazzy ou afrobeat.
Le résultat est aussi détonnant que stupéfiant.