La parole à l'organisateur
FILS CARA
Le décor change. Le personnage est le même : col roulé, chaîne en or et poésie. L'histoire continue. Elle s'appelle "Fictions", comme une référence aux nouvelles de Borges, où le fantastique s'invite toujours dans le quotidien. Fils Cara y raconte ses errances à travers les jours, les rêveries qu'on y trouve, l'exploration qui suit. C'est là que surgit la lumière, quand le vernis du réalisme social commence à se fissurer.
Avec ce deuxième EP, Fils Cara élargit l'horizon d'un paysage construit au plus près des mots. Il développe et précise avec son style à lui, unique, un univers poétique nourri par son parcours et ses origines. La Sicile de ses grands-parents. Saint-Étienne. Le monde ouvrier. L'usine. L'arrivée à Parie. Et puis sa mère Carmela. Diminutif ? Cara. C'est comme une bonne étoile sur ce projet.
"Fictions" fait suite à "Volume", un premier disque dans lequel Fils Cara faisait les présentations, en partie du moins. Le ton était plus rap et l'écriture franchement automatique, dans la pure tradition des surréalistes. C'était une bulle, "Fictions" en est une autre. Dedans, Fils Cara s'éloigne des gimmicks de la trap et de l'autotune pour explorer une veine tantôt UK garage, tantôt chanson française rive gauche, et un piano omniprésent qui devient la veine de sa musique. Une nouvelle atmosphère nébuleuse pour raconter son époque, "On est les derniers dans le monde...", mais sans une certaine lumière, un soleil d'été, irradiant, qui se dégage de ce disque.
Voilà pour le nouveau décor de ces huit nouveaux métrages. Ils sont autant de chapitres formant une nouvelle histoire, dans laquelle Fils Cara se met en scène avec une modestie n'excluant jamais une certaine sophistication. "Fictions" est à l'image de ce personnage d'ouvrier poète naviguant d'une réalité à l'autre, toujours à la recherche de la lumière.
BRASIER
Auteur et interprète central du projet, Nicolas/Brasier explore dans ce premier EP ses zones d’ombre, névroses, impasses et agitations intérieures. Il s’y montre tour à tour colérique et blessé, excessif et fragile. Dans une écriture à la fois coup de poing et émouvante, il pose un regard peu amène sur le monde alentour, qu’il évoque sa province natale, le déterminisme social ou l’enfance maltraitée. Cynisme et humour ne sont pas en reste, qui éveillent immanquablement le sourire de l’auditeur sur des titres comme «Crémaillère » ou « Dernières volontés ».