La parole à l'organisateur
De Henrik Ibsen
Texte français Éloi Recoing
Mise en scène Jean-Fançois Sivadier
Collaboration artistique Nicolas Bouchaud et Véronique Timsit
Scandale sanitaire dans une station thermale de Norvège. Faut-il préserver la machine économique ou la santé publique ? 120 ans après sa création, la pièce d’Ibsen garde la virulence d’une bonne gifle salutaire – et comique.
Le docteur Tomas Stockmann et son frère Peter, préfet local, ont fondé un petit établissement de bain à l’économie florissante, qui garantit la prospérité de leur ville bourgeoise. Mais voilà qu’une bactérie découverte dans l’eau vient littéralement tout empoisonner. Faut-il fermer les bains pour préserver la santé de ses usagers ? Ou fermer les yeux pour préserver celle de leur portefeuille ? Ibsen aurait voulu anticiper notre époque qu’il ne s’y serait pas mieux pris : menace écologique, mensonge politique, lanceurs d’alerte, manipulation de l’opinion publique, tout y est. Mais si la pièce de « l’homme le plus en colère d’Europe » conserve aujourd’hui encore toute sa force de frappe, c’est d’abord parce qu’elle se garde bien de prendre parti, et qu’elle repose sur une galerie de personnages complexes dont les conflits sont aussi violents que drôles. Un Ennemi du peuple tient en effet autant du thriller politique que de l’agit-prop et du vaudeville, et la première pollution qu’elle s’efforce de déboulonner, c’est l’inertie d’une bourgeoisie boursoufflée d’idéaux et incapable d’action. Tambour battant et avec une énergie viscérale, Jean-François Sivadier mène sa troupe dans ce nouveau spectacle sombre et joyeux, grande bouffée d’oxygène, de rire et de réflexion pour faire face aux défis du monde contemporain.