La parole à l'organisateur
Texte Marie NDiaye
Mise en scène Jacques Vincey
Dramaturgie Pierre Lesquelen
Jacques Vincey dirige trois actrices puissantes dans une pièce venimeuse, entre fait divers sordide et conte fantastique, où la langue de Marie NDiaye glisse insidieusement vers l’inavouable. Qu’est-il en train de se passer dans la cuisine ?
Un 14 juillet, Madame Diss traverse les champs de maïs pour se rendre chez son fils. Pas pour le feu d’artifice : elle veut lui emprunter de l’argent. Mais celui-ci, tapi dans la cuisine, n’a aucune intention de la laisser entrer, pas plus qu’il ne compte sortir. Restent alors comme seul lien entre l’intérieur et l’extérieur France et Nancy, les deux belles-filles de Madame Diss. L’écriture de Marie NDiaye est depuis longtemps marquée par un goût pour le fantastique, pour cette zone trouble où le réel chavire et où apparaissent les strates inconscientes et mythiques qui le sous-tendent. Déjà à l’œuvre dans ses romans, cette tension entre le réel et son envers trouve au théâtre un espace propice à son déploiement, plus encore dans le travail de Jacques Vincey, qui excelle à trouver le point d’équilibre entre le concret et l’onirique. À la suite de Und de Howard Barker qu’il avait présenté au TnBA, il poursuit avec Les Serpents son exploration des écritures contemporaines, de la richesse et de la complexité de leurs figures féminines. Pour interpréter cette partition fascinante et vénéneuse, il fait appel à un trio de comédiennes exceptionnelles, propres à porter à incandescence la langue et la fable de Marie NDiaye, son mystère insondable et sa lumière aveuglante.