La parole à l'organisateur
Texte Dario Fo
Adaptation et traduction Toni Cecchinato et Nicole Colchat
Mise en scène Claude Mathieu, doyenne de la Comédie-Française
Seul en scène, Guillaume Gallienne s’empare des mots savoureux de Dario Fo et rend au personnage de Saint François d’Assise toute son espièglerie. Derrière le saint : le trublion.
Révolutionnaire, Saint François d’Assise ? Si la tradition catholique nous a légué l’image d’un doux illuminé qui conversait avec les oiseaux, le saint patron des écologistes était aussi un homme qui avait rejeté la bourgeoisie du xiie siècle italien dont il était issu pour chercher durant toute sa vie la joie dans la pauvreté. Et c’est bien de ce caractère subversif que s’inspire Dario Fo lorsque l’infatigable homme de théâtre italien, couronné en 1997 par le Prix Nobel de littérature, entreprend d’écrire son histoire. Rien de pontifiant donc dans ce monologue où l’auteur de Mystère bouffe révèle, sous le froc du saint, la hâblerie du jongleur. Profondément engagé, Dario Fo s’est toujours inspiré du théâtre de tréteaux du Moyen-Âge pour créer une œuvre aussi populaire que politique. C’est dans cet esprit, et avec la seule énergie de la parole et du jeu, que Guillaume Gallienne s’est emparé de son texte, sous le regard de Claude Mathieu. Prodigieux conteur, le sociétaire de la Comédie française s’engage dans un généreux face à face avec le public pour rendre à François toute sa puissance subversive. Le verbe haut, il emboîte joyeusement le pas du saint médiéval et fait de la nudité du plateau la planche d’appel d’un imaginaire débridé, d’une jubilation intarissable des mots et du jeu.