La parole à l'organisateur
Texte Marivaux
Mise en scène Galin Stoev
Bras de fer entre deux absolus : l’amour d’Arlequin et Sylvia, le pouvoir des puissants. Marivaux et Galin Stoev passent l’amour au scalpel dans un jeu de liaisons très dangereuses.
Les textes ne sont classiques que si l’on oublie leur capacité à prédire l’avenir en même temps qu’à raconter leur époque. Dans La Double Inconstance, Marivaux met face à face la violence du désir et la violence du pouvoir, observe à la loupe la manière dont le mensonge délibéré transforme la vérité au point de mettre en doute jusqu’à son existence. C’est sous l’angle de la post-vérité, cette redéfinition du réel qui privilégie la subjectivité aux faits, que Galin Stoev entre dans le labyrinthe fascinant du texte de Marivaux, avec lequel il entretient depuis longtemps une affinité élective. D’origine bulgare, le metteur en scène explore avec une précision clinique la langue de l’auteur, mécanique infernale autant que jouissive qui plonge les personnages dans le trouble au moment même où ceux-ci croient s’en extirper. Souris prises au piège de situations aussi cruelles que raffinées, ils se débattent sous nos yeux, provoquant le rire et l’effroi, avec une cruauté qui annonce déjà celle de Sade. Dans une scénographie impressionnante et résolument contemporaine qui tient du laboratoire d’expérimentations plus que des bosquets romantiques, nous les observons, oscillant sur un fil tendu entre cruauté et sensualité, découvrir l’amour. Ou le perdre ?