La parole à l'organisateur
Texte Tony Kushner
Mise en scène Catherine Marnas
Reprise production TnBA
Mise en perspective radicale de l’histoire, la pièce de Tony Kushner interroge avec urgence le glissement de nos démocraties. Créée la saison dernière, la mise en scène de Catherine Marnas en révèle toute la charge explosive.
Un groupe d’amis fête le passage à la nouvelle année. Un an plus tard, leurs relations, leurs valeurs, leurs vies auront basculé dans le chaos. Cela se passe à Berlin en 1933. Ou à New York dans les années 1980. Et sans doute, ici et maintenant. Tony Kushner sait concilier fresque épique et engagement politique sans concession, comme en témoigne Angels in America, pièce pour laquelle il a reçu le Prix Pulitzer. En 2019, il reprend A Bright Room Called day, créée en 1985, pour coller au plus près de l’actualité. La première version de la pièce interrogeait le lien entre la politique de Hitler et celle de Reagan, en ponctuant le récit berlinois des interventions d’une anarcho-punk new-yorkaise. La nouvelle version, traduite ici par Daniel Loayza, poursuit son interrogation jusqu’à englober la figure de Trump, en faisant cette fois monter sur scène un avatar de l’auteur lui-même. En télescopant les époques et les récits, l’auteur met en évidence les lignes de faille des États-Unis (et des états européens) pour qui le fascisme n’est plus un épouvantail, mais une réalité bien concrète vers laquelle nous glissons — ou refusons de glisser. Entourée de compagnons fidèles et de jeunes comédiens issus de l’ESTBA, Catherine Marnas mène la fable de Kushner tambour battant, au rythme d’une musique qui donne à l’histoire du monde des allures de cabaret infernal. Un regard sans concession sur la farce tragique de notre actualité, les rôles que nous y jouons — et notre responsabilité dans l’écriture de son dénouement.